L’idée naît en 2017, quand la restitution devient un sujet de débat international. Ce mot, « restitution », résonne fortement chez la réalisatrice, qui voit en lui un écho de sa démarche cinématographique : rendre visible des réalités africaines invisibilisées. En 2021, l’annonce du rapatriement imminent de 26 œuvres pousse Diop à abandonner le projet de fiction initial pour un documentaire tourné dans l’urgence.
Le film se distingue par sa forme : plans méditatifs, silences éloquents, voix-off vibrante. Cette voix, écrite par l’écrivain haïtien Mackenzy Orcel, est celle des objets eux-mêmes, devenus narrateurs d’une histoire d’exil, de violence et de retour. Le chiffre 26, répété comme un leitmotiv, devient un personnage à part entière. Il incarne l’arbitraire du geste : pourquoi 26 et pas 1000, alors que plus de 7 000 œuvres africaines sont conservées au musée du Quai Branly ?

Dahomey est un film politique, car il redonne la parole aux jeunes africains, historiens, artistes, qui questionnent ce retour partiel. Est-ce un geste sincère, ou une stratégie politique ? Le film n’impose pas de réponse, mais ouvre un débat longtemps confisqué par les capitales européennes.
En filmant cette restitution depuis l’Afrique, Mati Diop décale le regard, recentre le débat sur les peuples concernés, et transforme la caméra en outil de réparation symbolique. Après Atlantique, Dahomey confirme l'engagement d’une cinéaste à la croisée du politique et de l’intime.
Un film sobre, fort, nécessaire, qui pose une question centrale : et si restituer, c'était aussi raconter autrement ?
Commentaires
Amawo:metossou jean placide
05-11-2024