Trois jours après la mort en détention de Traoré Alain Christophe, alias Alino Faso, le ton est monté d’un cran entre le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire. Le gouvernement burkinabè ne décolère pas. Le ministre des Affaires étrangères, SEM Karamoko Jean Marie Traoré, a convoqué en urgence la Chargée d’Affaires de l’ambassade ivoirienne à Ouagadougou, dénonçant une gestion qu’il juge « méprisante » et « inacceptable ».
« Il y a beaucoup de mépris, un manque d’égard et de courtoisie pour les autorités et le peuple burkinabè », a fulminé le chef de la diplomatie burkinabè.
« Et ça l’est encore plus pour la famille du défunt, qui découvre une nouvelle aussi douloureuse sur les réseaux sociaux ».
Selon le communiqué publié tardivement par le procureur de la République d’Abidjan le 27 juillet, soit trois jours après les faits, Alino Faso se serait donné la mort dans sa cellule de l’École de Gendarmerie en se pendant avec un drap de lit. Il aurait auparavant tenté de se trancher les veines.
Un récit que Ouagadougou prend avec la plus grande prudence, d’autant que les autorités burkinabè n’avaient reçu aucune notification officielle du décès avant l’éclatement de l’affaire sur les réseaux sociaux. Une hérésie diplomatique, pour le ministre Traoré :
« C’est inadmissible. Ni notre ambassade, ni notre consulat, ni même notre ministère ici à Ouagadougou n’ont été informés. Nous l’apprenons comme de simples internautes. C’est une humiliation. »
Arrêté en janvier 2025 pour des faits d’espionnage et de complot, Alino Faso avait été déchu de la nationalité ivoirienne. Il n’en reste pas moins burkinabè aux yeux de Ouagadougou, qui réclame désormais son rapatriement.
« Nous exigeons que toute la lumière soit faite sur ce drame. Il reste notre compatriote, et nous voulons récupérer son corps ici, au Burkina Faso », a martelé le ministre.
Cette affaire jette une ombre pesante sur les relations entre deux pays aux liens historiques forts mais souvent fragiles. À Ouagadougou, l’heure est à la colère froide, dans l’attente de réponses concrètes d’Abidjan.