Un virage structurant dans la gouvernance locale
Depuis 2021, la réforme mise en œuvre par le gouvernement Talon vise à professionnaliser la gestion des communes à travers une séparation des rôles : les maires deviennent stratèges, pendant que les Secrétaires exécutifs assurent l’opérationnel. C’est une approche inspirée de la gestion technocratique, censée mettre fin à l’improvisation et au clientélisme local.
« Nous devons veiller à ce que nos travers du passé ne nous caractérisent plus », a insisté le président Patrice Talon dans un message publié le 17 juin.
Des avancées notables saluées par les élus
La nouvelle gouvernance locale a permis, selon plusieurs intervenants, une meilleure efficacité administrative et budgétaire. Luc Sètondji Atrokpo, président de l’ANCB, s’est voulu optimiste :
« Aucune commune n’est laissée de côté. Vos actions sont visibles du nord au sud. »
La réforme a permis :
- Une réorganisation interne des services communaux
- Une plus grande rigueur dans la gestion financière
- La professionnalisation des recrutements
- La création de statuts différenciés pour certaines communes à fort potentiel
Mais des ajustements restent nécessaires
Malgré ces acquis, les maires ont exprimé plusieurs préoccupations majeures. D’abord, la sécurisation foncière : ils plaident pour la reprise immédiate de l’attestation de détention coutumière (ADC) dans l’attente du titre foncier. Ensuite, la dotation des communes en véhicules et autres outils doit être clarifiée : faut-il les inscrire dans le patrimoine communal ou non ?
Enfin, le statut des maires eux-mêmes pose problème : bien que désignés démocratiquement, ils demeurent juridiquement des fonctionnaires, ce qui brouille la lisibilité de leur autorité.
« Nous avons fait du chemin, mais certains ajustements sont indispensables », a confié un élu du nord lors du huis clos.
Une volonté présidentielle de continuité et d'écoute
Face à ces retours de terrain, Patrice Talon s’est voulu rassembleur et prospectif :
« Un séminaire gouvernemental sera tenu très prochainement pour analyser en détail les besoins exprimés. Le bien-être des populations reste notre priorité. »
Il a également émis le vœu que ce type de rencontre soit périodiquement renouvelé, au-delà même de son mandat, afin d’ancrer la réforme dans une dynamique d’amélioration continue.
Une réforme à consolider pour l’avenir
Si la réforme de la décentralisation a marqué une rupture importante avec le passé, elle entre désormais dans une phase de consolidation. Il s’agira d’ajuster les textes, de mieux former les acteurs, d’outiller les communes et de renforcer la confiance entre élus et techniciens.
L’objectif reste clair : faire de la décentralisation un véritable levier de développement socio-économique équitable sur tout le territoire.